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Animaux

Bien-être animal : la douleur est complexe et parfois extrêmement profonde

A l'occasion de la journée internationale pour le droit des animaux, le 10 décembre, nous vous proposons de relire ce que le vétérinaire Norin Chaï disait lors du dernier congrès Pet Revolution de l'évolution de la prise en compte de la douleur des bêtes.

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Un éléphant

Le regard de l'éléphant.

Pixabay

La journée du 10 décembre est celle de la journée internationale pour le droit des animaux. A cette occasion nous vous proposons de relire ce que le docteur vétérinaire Norin Chaï disait de la douleur animale lors du dernier congrès Pet Revolution.

La troisième édition du congrès Pet Revolution s'est tenue en ligne les 5 et 6 décembre 2020. De nombreuses conférences explorant diverses aspects du comportement ont eu lieu et l'un des points abordés par le Dr Norin Chaï, vétérinaire et spécialiste en médecine zoologique, était la douleur animale. Comme le souligne cette conférence, organisée par l'Université Paris Nanterre et l'organisme de formation au comportement animal, Pet University dirigée par l'éthologue et psychologue Sarah Jeannin, cette sensation est désormais davantage prise en compte.

Une douleur humaine qui laisse aussi indifférent

"La douleur animale est complexe", note le Dr Chaï. Et si elle est davantage prise en compte grâce à notre sensibilité croissante pour leur bien-être, elle reste tributaire de différentes composantes, scientifiques ou non. Ainsi, explique le vétérinaire, dans les pays musulmans, l'euthanasie est interdite. La considération de la douleur animale a malgré tout largement évolué au cours des siècles derniers. Au cours du 18e siècle, les progrès de l'anatomie comparée permettent de révéler de façon objective des similitudes entre les humains et les animaux. Mais sans grand intérêt d'un point de vue éthique : au début du siècle suivant, le milieu médical est indifférent à la douleur humaine. Celle animale paraît alors frivole si tant est que son existence est admise... Chez l'humain, la douleur ne doit même pas être prise en compte, le corps médical y voit "un "élan vital de guérison", relate le Dr Chaï. Heureusement, ce même 19e siècle voit le début de l'utilisation des analgésiques.

Douleur et bien-être animal

La douleur animale ne sera, quant à elle, prise en compte qu'au 20e siècle mais de manière encore marginale (pour les équidés, les bovins ou encore les chiens). "Si on pensait traiter la douleur, ce n'était pas pour l'animal mais pour des raisons économiques et pratiques", tempère le vétérinaire. Difficile en effet de soigner confortablement un animal qui souffre s'il devient agressif. Il devient aussi moins rentable... Au début des années 50, la relation humain-animal évolue encore avec la création des élevages industriels. Un contexte qui donne naissance à des regroupements intellectuels et à la notion d'"animal welfare", le bien-être animal. En 1979, le conseil britannique sur le bien-être des animaux d'élevage en pose les bases grâce à ses "cinq libertés" individuelles : absence de faim, de soif et de malnutrition, absence de peur et de détresse, absence de stress physique et/ou thermique, absence de douleur, de lésions et de maladie et liberté d'expression d'un comportement normal de son espèce.

La douleur, on le voit, est intimement liée au bien-être. Elle "est complexe et parfois extrêmement profonde", remarque le vétérinaire. Il se souvient d'une journée où il avait été appelé pour soigner un éléphanteau à Sumatra (Indonésie) qui refusait de se nourrir. "Cet animal avait une douleur car il était parasité mais ce n'était pas pour cela qu'il était malade, se remémore le Dr Chaï. Il l'était car il avait vécu un carnage, la tuerie de sa propre famille par des braconniers et il en était le seul survivant". Le traitement ne devait pas cibler son anorexie ou les parasites mais la véritable source de sa souffrance : le manque affectif. Sa prise en charge par une mère d'adoption a soigné ses maux.

Les vétérinaires savent désormais que plusieurs indicateurs très différents peuvent souligner une douleur : ceux comportementaux (stéréotypie, apathie...), physiologiques (mesure des glucocorticoïdes...) ou encore ceux physiques (blessures). Encore faut-il les remarquer. "C'est seulement en connaissant au mieux un animal que l'on pourra au mieux définir sa douleur", insiste le vétérinaire qui assure que parler de douleur animale, c'est aussi parler de relation entre les humains et les bêtes.

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